Caractère
peu connaissent véritablement le bout d'homme qui se dissimule dans ce qui ressemble à une coquille vide, qui gesticule et déambule par automatisme, sans aucun sentiment quelconque. au premier abord froid et méprisant, avec son regard de fer qui ne semble jamais accueillir chaleureusement les gens qui s'approchent de lui, il est d'emblée d'hoqueter de surprise lorsqu'il vous offre la chaise à ses cotés et vous offre un verre de liqueur pour vous "remonter le moral". ceux qui se voient offrir un tel accueil pense être spéciaux, avoir été "choisis" par un homme au cœur glacé. ce qu'ils ne savent pas, c'est que cyrus est bien informé par les petits oiseaux qui courent dans tout le royaume et qui lui relèguent des rumeurs. des rumeurs comme quoi le pirate qu'il croise tout les soirs devant l'auberge la plus bruyante de la capitale, qui vide sa vessie sur le mur de cette dernière, serait un ancien caporal à la solde d'uxy. ou encore que le gamin qui court pieds nus sur le bord du port aurait un grand-père qui aurait un jour trébuché sur une carte au trésor menant à ce qu'on appelle aujourd'hui encore "l'épée du héros", celle qui a pourfendue les dragons autrefois. c'est toute une toile qu'il tisse lorsqu'il voyage sur l'océan et dans les différentes villes du royaume, s'assurant des informateurs qui lui seront fidèles jusqu'au bout. que ce soit par le biais de l'argent ou tout simplement du harcèlement ou de la menace, il est capable de tout mettre en oeuvre pour obtenir les renseignements qu'il désire. peu ose contredire ses négociations, et ceux qui ont déjà tentés de le fuir auraient eu la maladresse de se retrouver dans des accidents mortels. cela fait des années maintenant que le jeune homme préserve sa véritable identité en tant que descendant de Lars, et il ne pourrait se résoudre à laisser les hauts-gradés des deux royaumes apprendre ses motifs obscurs. il lui suffirait d'un seul faux-pas pour être renvoyé de la campagne d'ou il vient, ou encore pire, être exilé en mer, sur une île perdue, destiné à attendre la mort et la faim. il peut se faire romantique au grand cœur pour s'assurer les bonnes intentions d'une courtisane, éleveur de pégases pour apaiser les esprits des chevaliers ailés, cracheur de feu pour les badauds des villes, et encore tant d'autres. des masques différents qu'il crée du bout des doigts, avec attention, pour faire en sorte qu'aucune fissure ne soit visible. il est conscient qu'un jour ou l'autre, ses mensonges risquent de se retourner contre lui, mais il a bien l'intention de renverser les diplomates d'uxynael d'ici-là. aucun de ses proches n'a conscience de ses rêves à l'éclat doré, et peu imaginent la trahison prochaine qu'il leur réserve. pour les plus loyaux, les plus déterminés, ceux qui ont toujours vécus avec le regard vers le haut, en direction du ciel, de ce qu'ils ne pourraient jamais obtenir, cyrus offrira une place dans son élite. pour le reste, ceux qui auront fait partie de ses informateurs mais ne rejoindront pas sa cour, ils n'auront plus qu'à se désespérer des jours durant, s'interrogeant sur ce qui leur manquaient pour le rejoindre.  

Story
de lourds bracelets en or glissent sous les manches du vêtement blanc que porte l'homme face à lui. son visage ne lui est pas distinct, puisqu'un voile sépare ses yeux des siens. cependant, il peut sentir une étrange atmosphère qui se dégage de cet homme. à moins que ce ne soit la fumée des différents encens allumés de part et d'autre du temple, il y a définitivement un pouvoir sans nom qui flotte autour d'eux à l'instant même.

« mh. connais-tu l'épopée des héros d'antan, garçon ? »

si ça ne tenait qu'à lui, il ne répondrait pas. il ne ferait même aucun geste de la tête pour exprimer ses sentiments, comme d'habitude. il ressent cependant comme le poids d'une main invisible contre sa nuque, et sa tête offre une réponse négative à l'homme. ses lèvres se descellent pour parler, mais son interlocuteur reprend la parole avant qu'il n'en ait le temps.

« à ton âge, tous connaissent les récits de ceux qui ont sauvés notre monde, maintes fois. particulièrement Lars. tu ne rencontreras pas un seul être en ce monde qui n'aurait pas entendu parler du tueur de dragons.  »

des picotements commencent à se faire ressentir dans son bras, qui est actuellement retenu en otage par l'homme en blanc. les doigts de ce dernier sont serrés autour de sa peau, qui devient aussi blanche que le drap dont il est vêtu. il ne ressent aucune peur et pourtant, c'est comme si tout son corps était tendu, prêt à se saisir de la première ouverture pour arracher son bras de son emprise et s'enfuir à toutes jambes.

« devrais-je t'offrir cette vision directement, au lieu de te la conter ? celle d'une couronne, non d'or mais d'argent. en guise de compagne : une épée, baignée d'une lumière divine, disparue à jamais. »

malgré tous ses efforts pour essayer de déchiffrer le charabia qu'on lui proclame, il ne comprend rien à rien. les rumeurs devaient dire vrai, cet homme n'est rien d'autre qu'un charlatan. la curiosité aura tué le chat, et ton temps par la même occasion. avec un froncement de sourcil visiblement perplexe, tu lève les yeux au ciel, pour te perdre dans l'admiration des étoffes qui volent au gré des courants d'air.

« quelque chose de bien plus sombre encore. garçon, qui est-tu donc ? tu n'appartiens pas à Uxy, et certainement pas à Nael. tu n'appartiens pas à cette ville. »

comme brûlé par ce qu'il avait entrevu, l'homme relâche brusquement son bras. il le récupère en massant là ou des empreintes de doigts resteraient surement jusqu'au lendemain. l'homme en blanc marche jusqu'au bol ou il conserve une eau qu'il prétend pure et bénie, y trempe ses mains. le silence est désormais plus lourd qu'il ne l'était avant, sans qu'il ne sache pourquoi. les bracelets dorés résonnent contre le bol, créant des mouvements dans l'eau. lorsque l'homme se retourne dans sa direction, cyrus est persuadé qu'il ne le regarde pas vraiment ; comme s'il regardait au-travers de lui, comme s'il regardait ce qu'il allait devenir.

« peut-être serais-tu sage de prendre connaissance des racines de ta famille, young lord. »

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l'herbe est toujours plus verte de l'autre coté. il n'avait jamais vraiment compris le sens de cette phrase que se répétait ses parents, lorsqu'ils parlaient des autres villes du royaume, de la capitale par exemple. maintenant, il comprenait ; les yeux grands ouverts sur les plaines qui s'étendent jusqu'à l'horizon, son cheval qui renâcle bruyamment derrière lui, et le soleil qui se dresse dans son dos comme pour saluer son arrivée, pour le pousser en avant. toutes ses recherches l'avaient menés à une conclusion : il avait quelque chose à accomplir dans ce monde. il ne savait pas encore quoi, quelle forme prendrait ce devoir, mais il savait qu'il le sentirait venir. tous les signes étaient là, et le plus lourd de tous : le fait que dans ses veines coule le sang du héros lars.

lorsqu'il n'était encore qu'un enfant, tout lui semblait si blanc et noir, si ennuyant, si monotone. il avait l'impression de prendre son envol désormais, de découvrir quelque chose dont on l'avait privé si longtemps. la liberté, tout simplement. et l'ambition, notamment. en parlant d'ambitions, il avait déjà des plans pour sa situation actuelle. se faire passer pour un simple voyageur était aussi simple que bonjour pour lui, il avait des années devant lui pour s'entraîner, pour attendre le bon moment avant de frapper. en attendant, il allait se créer un réseau d'oiseaux pour obtenir les informations qui lui manquaient. et peut-être, aussi, rechercher ceux qu'il pourrait considérer comme des frères et soeurs perdus, d'autres descendants de lars, comme lui.

d'un geste négligé, il retire le gant qui couvre sa main gauche, pour frotter un long moment la brûlure brune qui s'y trouve sur le dos. enfin, brûlure. c'est le terme que ses parents utilisaient. il ne sait toujours pas si c'était un simple égarement de leur part, ou un désir particulier d'oublier le destin imposés à leurs enfants, aux descendants de lars. une tache de naissance pas plus grosse qu'une pomme, s'étalant de son poignet jusqu'à son pouce, fière preuve de son héritage héroïque. tout était devenu tellement plus clair désormais, grâce à cet oracle. il avait déjà pensé à retourner à treva pour le visiter et le remercier ; c'est bien la moindre des choses qu'il puisse faire envers celui qui lui avait ouvert les yeux. mais il avait bien des choses à faire, et faire demi-tour n'y figurait pas.

son plan s'étirait déjà dans sa tête comme une toile d'araignée. il s'introduirait dans la plupart des groupes influents dans les villes ou il chevaucherait, manigancerait soit de trébucher sur la noble demoiselle héritière de ses parents soit de proposer un verre à ce vieil homme en expliquant à quel point ce dernier représentait tous les idéaux dont il avait jamais rêvé. tout le monde serait charmé par ses mots mielleux, ses faux sourires, son charme certain. personne ne douterait de lui lorsqu'un fâcheux accident arrivera à ces personnages illustres, puisqu'il restera en arrière-plan, comme une sorte de bienfaiteur aux groupes ; tantôt un prétendant, tantôt un fils. de maître marionnettiste, il passera également par la case chasseur de primes : ses rêves ne restaient que des rêves, il ne pourrait pas se faire la dent sur ces derniers. il aura besoin de revenus pour les rendre concrets et réels, et quoi de mieux pour ça que de chasseur les mercenaires du coin et de tuer les monstres qui envahissent les routes commerçantes ?