Ah … Shit.
Le regard fixé sur le type en face de toi, tu te permettais de le regarder de manière neutre, totalement détachée. Tu avais cet air blasé, qui indiquait que non seulement tu te retrouvais dans la merde, mais qu’en plus, tu te retrouvais avec un parfait inconnu qui n’avait pas l’air super en joie d’avoir de la compagnie. Tu croisas les bras, laissant ta hanche se balancer sur un côté, levant les yeux au ciel, une de tes mains venant alors se glisser sur ton front. La situation était plus désespérée que tu l’avais imaginée.
Avant toute chose, il fallait bien évidemment que tu te rappelles pourquoi tu étais dans une grotte, dont l’unique entrée/sortie venait d’être scellée par un éboulement, avec un mec qui, apparemment, traînait aussi dans le coin. C’était encore une de tes fugues habituelles du Leviathan, l’eau avait été calme toute la nuit, te permettant de prendre une barque et de t’en aller pour accoster quelque part sur le continent. Peu importait l’endroit, cela faisait quelques jours que tu étais sur l’Océan, et tu avais parfois besoin de changer d’air de temps en temps. L’air marin ne te permettait pas de prendre soin de ta peau, de tes cheveux et de tes habits. De plus, tu manquais d’aiguilles, tu avais perdu la seule que tu avais quelque part sur le Leviathan, alors que tu tentais de rafistoler les vêtements exotiques de Woon. Du coup, tes obligations t’avaient poussé à prendre le large, mais sur terre, et non plus en mer. Tu devais passer dans un petit commerce, chez un marchand, pour acheter de nouveaux tissus, et aussi, tout une pochette pour espérer ne plus perdre tes aiguilles. Un soupir avait franchi alors tes lèvres, alors que tu tentais de savoir où tu étais. Alessa ? Ah, peut-être. Tu reconnaissais avec aisance les champs, certains marquant le passage des cadavres qui terrorisaient la région. Tu marchas donc droit devant toi, avec l’intention ferme de trouver un chemin ou un panneau de bois qui t’indiquerait une direction.
Tu continuas ton chemin, telle la diva que tu étais, tout en comptant l’argent que tu avais pour toi. Une bonne bourse bien remplie, que tu cachais dans les pans larges de ton bas noir. En t’aventurant encore plus loin dans les petits chemins, tu finis par atteindre la bordure de Faillaise. Tu pouvais déjà apercevoir le changement de décor, et cela ne faisait pas encore une journée entière que tu étais en route pour un commerce. Tu avais dépassé Daishan, sans doute que tu n’étais pas passé devant, de là où tu avais débarqué, et même Katara, tu ne l’avais pas vue. Si tu visualisais la carte dans ta tête, alors sans doute que tu n’avais même pas posé un pied à Alessa depuis tout ce temps, que tu avais longé la bordure de frontière entre Faillaise et Alessa. Tu passas une main sur ta nuque, comme pour te masser, ignorant alors les courbatures qui commençaient à apparaître. Un petit feu, une grillade, une sieste et tu repartirais quelques heures plus tard pour continuer ton exploration. Tu aimais partir à l’aventure de cette façon, sans savoir où exactement tu posais les pieds. Woon te reprochait souvent de ne pas faire plus attention, mais l’exploration n’en était pas une si on prévoyait tout à l’avance ?
Ce fut seulement après la nuit tombée que tu te décidas à prendre pour domicile temporaire une grotte, dans les montagnes de Faillaise. Un endroit assez sec pour que tu puisses y allumer un petit feu, assez grand pour que tu ne t’y sentes pas oppressé. L’entrée de la grotte était large et béante, elle n’était cependant pas bien profonde, et c’était ce qui t’avait décidé à t’installer ici. Pas de mauvaises surprises, pas d’ours qui débarque durant ton sommeil. Tu te grillas quelques légumes volés en chemin, avant de commencer à t’installer pour faire une sieste, et repartir le lendemain, vers d’autres aventures. Mais tes sens en alerte, tu t’étais redressé. Une odeur étrange très fine parvenait à ton nez, tu ne savais pas si l’habitude de la mer ou le fait que tu aies côtoyé les Ulfhedins un certain temps t’avait rendu plus sensible aux odeurs peu communes, mais c’était un fait, il y avait quelque chose dans l’air.
Tu regardas autour de toi, à part les petites flammes de ton camp improvisé, il n’y avait rien d’étrange ou même de … Tu arrêtas de fil de tes pensées en regardant ces dites flammes. Qui au lieu de vaciller vers l’intérieur, à cause du vent de l’entrée, une brise les faisait se pencher vers dehors, comme si elles voulaient s’échapper. Tu fronças les sourcils et passas alors tes mains sur les parois de la grotte, espérant y sentir un petit courant d’air, un filet de vent qui passait de derrière un pan de mur. Et puis, une fois que tu l’avais trouvé, dans toute ta délicatesse, tu fonças dessus, ton kunaï à la main pour détruire ce qui te bloquait le passage. Une fois la poussière de nouveau retombée sur le sol, éteignant par la même occasion ton feu, tu baissas un peu ton bras, celui-ci ayant été placé devant tes yeux pour t’empêcher de devenir aveugle à cause de ton raffut, pour regarder ce qui se trouvait désormais devant toi. Un immense tunnel noir, qui semblait ne pas avoir de fond. Aucune lumière, aucun moyen de voir quoi que ce soit, tu tortillas ta bouche dans une moue de réflexion intense. Y aller n’était pas une question, tu te fabriquas rapidement une torche et t’aventuras très loin, dans la grotte.
Et quelques dizaines de minutes plus tard, tu avais atteint le fond. Il n’y avait rien, rien du tout, une impasse. Quelle perte de temps. Ce fut pour cette raison que tu regagnas le mur que tu avais toi-même détruit, et que sans que tu ne comprennes comment ni pourquoi, la sortie n’y était plus. Des gravats, des cailloux énormes, impossible de les bouger. « Ah … Shit. » Bon. Nouvelle situation inexpliquée, d’autant plus que ce type qui était là, apparemment, se trouvait dans le même pétrin que toi. D’ailleurs, il sortait d’où lui ?